On pourrait croire que ces contrastes génèrent des tensions. On pourrait croire que ces inégalités s'appuient sur de puissantes oppositions et que la tectonique d'une révolution est en place. Pourtant, les criantes injustices que l'on constate dans les rues de Dakar ne semblent lever aucune rancoeur entre les Sénégalais. Il y a dans l'air comme un parfum de religion, une ferveur fataliste. La force du désordre est supérieure à celle de la cause commune. Et alors ? Oui, et alors ? Pourquoi ne sertait-ce pas normal ? J'ai la sensation confuse qu'aucune histoire ne s'écrit en Afrique. En fait, Dakar est écosystème aux équilibres fluctuants.
La religion principale du Sénégal est l'islam, mais elle est loin d'être la seule. La cohabition des différents cultes se passe bien. La minorité catholique est très active. Elle joue un rôle important dans le développement et l'éducation. Dans le bâtiment qui nous héberge, des prêtres étudient la philosophie. Ils termineront leur cursus au Congo en théologie. Peut-être est-ce un effet de proximité culturelle, mais je me sens moins décalé en leur compagnie.
Dans l'enceinte du bâtiment, les choses sont plus organisées, plus anticipées. Le Dimanche, la messe est célébrée sous une tente dans la cours. Surpris à notre réveil, nous nous prenons place les fidèles. Sur les bancs, à côté de leur mère, les enfants ne pleurent pas. Ils restent sages. On se lève, on s'assoit. On chante, on se signe. Les paroissiens sont tirés à quatre épingles. Nous nous sommes dissumulés à côté d'un pilier, nous essayons de nous rappeler la liturgie de notre enfance. Tout cela est si lointain ! Je sais juste dire Amen quand s'interrompt la lecture des évangiles.
Quand la messe se termine deux heures plus tard, nous partons visiter les alentours. Le quartier où nous séjournons n'a rien de touristique, mais c'est pour nous une opportunité de rencontrer des gens dans leur "milieu naturel". Alors, nous nous dirigeons vers le quartier du port. Nous marchons dans les rues en terres dans une ambiance animée. Chaque commerce est indiqué par un une planche peinte pour indiquer la fonction du marchand : menuisier, coiffeur, "la boutique". Hormis Coca-cola et Orange il n'y a pas de repère, pas de norme, pas de standard. Chacun est à son compte et il n'y a pas de trève le dimanche. Le marché a lieu exactement comme tous les autres jours de la semaine. Sur les chantiers, des ouvriers travaillent à la construction de maisons. Faute de temps ou faute d'argent la plupart des bâtiments sont des oeuvres inachevées. Rares sont les maisons qui ont un crépis. On voit des étais soutenir le plafond de bâtiments, mais je ne sais dire si des gens vivent à l'intétieur. Ce monde ne cesse de m'étonner et je renonce progressivement à mes logiques cartésiennes.
Une boutique de pneus à Dakar |
Quelques constructions abandonnées sur un terrain vague de Dakar |
Le port de Ngor |
Décharge au bord de la quatre voies |
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